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« Que nous demande le Seigneur ? »  (Michée 6,6-8)

Prédication à  la « Célébration œcuménique de la semaine de prière pour l'unité des Chretiens » du 23 janvier 2013

Par Lia Wolters-Berghout, pasteur de L'Eglise Protestante Néerlandaise à  Genève.


Frères et soeurs en Jésus Christ,

« Que nous demande le Seigneur ? »

Cette question ne se pose pas tous les jours. Peut-être les pasteurs et les prêtres réfléchissent-ils sur le sujet quotidiennement – je n'en suis même pas sûre – mais les responsables de la société, les commerçants, les mères et les pères de la famille, est-ce qu'ils se demandent régulièrement

« Que nous demande le Seigneur ? »

Pourtant cette question se présente en tant qu'une quête constitutive et essentielle dans la vie humaine : « Que nous demande notre Créateur ? » Je vous amènerai à  quelques réflexions sur le fondement et le caractère de cette quête avant de chercher une réponse.

Pour commencer, je voudrais vous poser une autre question : « Est-ce que le Seigneur nous demande quelque chose ? » Est-ce qu'il est un Dieu exigeant ? Est-il le chef de la morale ?

Est-ce qu'il nous demande aller à  l'église chaque dimanche, ou bien deux fois par dimanche comme c'était l'habitude de mon église quand j'étais jeune. Est-ce qu'il nous demande de célébrer la Cène chaque semaine ou bien une à  quatre fois par an. Est-ce qu'il demande des holocaustes, une multitude de veaux ou de béliers, des torrents de l'huile ou même des enfants, comme était la façon de vénérer Dieu à  l'époque de Michée ? Ou demande-t-il que nous soyons travailleurs et obéissants à  nos supérieurs et à  la loi de notre pays, obéissants à  toutes les règles écrites et non-écrites de nos églises et de la société ?

Ce n'est pas Dieu qui nous demande d'obéir aux exigences de notre emploi, aux demandes de l'état ou de l'église. C'est notre façon d'organiser nos vies communes qui nous force d'aller selon ces règles. C'est même dangereux de penser que les règles de la société ou de l'église sont des lois divines. En appelant « Dieu le veut » des guerres ont été faits, des hérétiques ont été brûlés, des dictatures ont été supportés. « Que nous demande le Seigneur ? » pourrait devenir une question dangereuse.

Pour éviter cette dérive il est important que nous n'oubliions pas que la question « Que nous demande le Seigneur ? » ne s'agit pas d'une loi juridique. Dieu ne nous demande pas de suivre des règles strictes dont les transgressions seront punies. Même si la Bible utilise des métaphores empruntées du monde juridique, elle parle d'autre chose. Elle parle des relations justes entre Dieu et l'homme et les hommes entre eux.

Dans le livre de Deutéronome Moïse commence les dix commandements avec les mots : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de tout ton être, et de toute ta force. »

Je ne connais pas de lois juridiques qui ouvrent d'une telle façon. C'est l'amour de Dieu qui appelle son peuple d'aller sur son chemin. Les règles données aident à  trouver le chemin d'amour. Et quand j'entends ce que Dieu reproche à  son peuple selon Michée 6 : 3-5 je n'entends pas un juge qui dit que le peuple a transgressé des règles, mais j'entends des mots forts qui expriment un amour rejeté. « Mon peuple, que t'ai-je fait ? En quoi t'ai-je fatigué ? Réponds-moi. En te faisant monter du pays d'Egypte ? En te rachetant de la maison de servitude ? En t'envoyant comme guides Moïse, Aaron et Myriam ? … »

Ici on entend un amant rejeté. On entend un Dieu qui a donné tout à  son peuple, mais le peuple lui a oublié. Les hommes et les femmes vivent comme si Dieu n'existait pas, malgré tout ce qu'il leur a donné. Ils vivent comme s'il n'est pas leur Créateur et le Créateur de leurs prochains.

Donc à  la base des reproches de Dieu ne sont pas des actes humains illégaux, mais c'est la rupture de l'alliance d'amour qui lui gêne. C'est le coeur de son peuple qui lui manque.

« Que t'ai-je fait ? » Les commandements que Dieu a donnés sont les règles de l'alliance.

Le catéchisme de Heidelberg parle de règles de gratitude. L'amour de Dieu suscite notre amour et notre gratitude. Il nous invite d'aller sur son chemin. Il nous indique une façon de vivre autrement. Les commandements de Dieu sont des règles de salut.

En se souvenant qu'à  la base des commandements de Dieu est son amour et qu'il ne s'agit pas des lois juridiques, écoutons la réponse de Michée à  la question « que nous demande le Seigneur ? » Pas beaucoup et rien de neuf enseigne Michée :

« On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien, Ce que le Seigneur exige de toi :

Rien d'autre que respecter le droit, aimer la fidélité et t'appliquer à  marcher avec ton Seigneur. »

Dieu nous demande de respecter le droit car c'est insupportable qu'une de ses créatures soufre à  cause de l'injustice d'une autre. Si on se rend compte du fait que la vie et nos capacités nous ont été données par Dieu, comment peut-on vivre d'une façon égoïste ? Il n'est pas nécessaire de s'enrichir, la vie est gratuite. Si on est rempli de gratitude, comment peut-on être injuste aux autres que Dieu aime également. Le mendiant, le Dalit, le Brahman, le chômeur, le directeur, l'adolescent, la grand-mère, le handicapé, le prisonnier et le juge, toute personne vive de l'amour de Dieu. Si on est fidèle à  la source de notre vie, à  la grâce de Dieu, on est aussi fidèle aux autres créatures qui jaillissent de la même source, qui appartiennent à  la même création de Dieu. Comment ne pas être fidèle et gracieux aux autres membres de l'humanité ?

Comment ne pas marcher humblement avec Dieu ?

Nous avons lu les mots d'apôtre Paul : « Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n'y a plus l'homme et la femme ; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus Christ. »

C'est un beau rêve, cette unité, mais la réalité de tous les jours est dure. De mes études en Inde je me souviens des débats sur l'église en tant que communauté. C'est dans l'église où on est uni en Jésus Christ et où il faut que cette unité reflète l'amour chrétienne. L'église serait l'endroit pour apprendre l'unité. Pourtant il y a deux enjeux pour cette communauté.

Premièrement le danger que cette communauté soit fermée aux autres. Nous contre eux.

Dans la société indienne où il y a beaucoup des divisions linguistiques, culturelles, religieuses, économiques et hiérarchiques, l'église en tant que communauté fermée aux autres n'ajoute rien de neuf. Son message d'amour et de grâce de Dieu serait renfermé derrière les murs de l'église.

L'église il faut montrer l'unité sans exclusivité, l'unité basé sur l”˜amour universelle de Dieu.

Le deuxième défi pour l'église est son propre enracinement dans la culture qui l'entoure.

Les relations interpersonnelles d'une société se reflètent dans les églises. Un de nos professeurs nous a raconté qu'une fois dans son paroisse Indienne il a voulu montrer l'unité en Christ pendant la célébration de la Cène. Normalement le pain et le vin étaient distribués au choeur de l'église. A cause de cette habitude les personnes assises devant recevaient le sacrément avant les personnes qui se trouvaient en arrière de l'église, les Dalits. Ce jour-là , pour dénoncer l'inégalité dans la communauté le pasteur a amené le pain et le vin en procession à  l'arrière de l'église. Pendant qu'il a commencé à  distribuer les éléments du sacrément aux Dalits, des personnes des premières lignes se sont enfuites à  travers les fenêtres de devant. Les relations sociales étaient enracinées dans leurs habitudes de sorte qu'elles ne pouvaient pas accepter un changement aussi important.

Ces deux enjeux pour les églises, comment être une communauté inclusive et comment vivre l'unité en Christ, nous font humble. Nous ne sont que des apprentis sur le chemin de Dieu. Respecter le droit, aimer la fidélité et marcher avec le Seigneur, c'est ce que nous demande le Seigneur. Jésus a dit :

« Tu aimerais le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de tout ton âme, et de toute ta pensée. C'est là  le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : Tu aimerais ton prochain comme toi-même.»

Il y a encore beaucoup à  apprendre. Que Dieu nous guide.

Amen.

23-01-2013, Lia Wolters-Berghout

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